Annie Ernaux


 

Née en 1940 à Lillebonne, en Seine-Maritime, Annie Ernaux a grandi à Yvetot, en Normandie, où ses parents tenaient un café-épicerie. Issue d’un milieu modeste, elle poursuit des études supérieures et devient agrégée de lettres. Elle enseignera à Annecy, puis au Centre National d’Enseignement à Distance. Son premier roman, Les armoires vides (1974), met en scène Denise Lesur, sorte de double de l’auteur, confrontée à un avortement. En 1984, elle obtient le prix Renaudot pour La place, où elle revient sur la vie de son père. Annie Ernaux renonce très rapidement à la fiction pour s’attacher à l’autofiction (même si elle n’est pas tout à fait d’accord avec cette appellation), son écriture étant marquée par la présence du « Je ». Ainsi, elle évoquera son adolescence dans Ce qu’ils disent ou rien (1977), son mariage dans La femme gelée (1981 ), sa mère dans Une femme (1988) et la maladie d’Alzheimer de celle-ci dans Je ne suis pas sortie de ma nuit (1997), ses parents dans La honte (1997), l’attente amoureuse dans Passion simple (1992), son avortement dans L’événement (2000), la jalousie d’une femme dans L’occupation (2002), son cancer dans L’usage de la photo (2005).

Une partie de son œuvre est marquée par le clivage entre le milieu modeste et populaire, dans lequel elle a grandi, et le milieu bourgeois, « socialement supérieur » : « Pour moi écrire est profondément lié à ma situation sociale en tant qu’individu. » (Annie Ernaux ou L’exil intérieur de C.L. Tondeur).

Ses ouvrages parlent aussi du féminin, sous l’angle de la sexualité et de l’intime.

Les années, paru en 2008, revient sur soixante années de sa vie, de son enfance après- guerre à 2006, elle inscrit l’existence dans une forme nouvelle d’autobiographie, impersonnelle et collective. Ce récit est sa façon « de sauver quelque chose du temps où l’on ne sera plus ». Dans Regarde les lumières mon amour (2014) Annie Ernaux interroge un hypermarché comme lieu de mémoire. Dans son dernier livre Mémoire de fille (2016) elle s’expose comme jamais aux regards des autres, dans un chemin d’introspection d’une honnêteté rarement atteinte.