Le Quat’sous


D’après Annie Ernaux Mise en scène Laurence Cordier / Compagnie La Course Folle


« J’ai été coupée en deux, c’est ça, mes parents, ma famille d’ouvriers agricoles, de manoeuvres, et l’école, les bouquins (…). Le cul entre deux chaises, ça pousse à la haine, il fallait bien choisir. Même si je voulais, je ne pourrais plus parler comme eux, c’est trop tard. On aurait été davantage heureux si elle avait pas continué ses études, qu’il a dit un jour, mon père. Moi aussi peut-être ».
— Annie Ernaux, Les armoires vides.

Déchirée entre le milieu populaire de ses origines et le milieu intellectuel auquel elle aspire, Denise, brillante étudiante, nous entraîne dans le monde sensuel du café-épicerie de son enfance rempli de personnages truculents et de plaisirs interdits. Par leur sobriété viscérale, les mots d’Annie Ernaux ont cette capacité à faire émerger sans les nommer les choses cachées et les sentiments enfouis. Adaptation croisée de trois de ses romans, Les Armoires vides (1974), Une Femme (1988) et La Honte (1997), Le Quat’sous est une plongée au coeur de l’intimement féminin. Portées par une furieuse gaieté, trois femmes en scène s’emparent sans manière de cette langue dense et brute. Trois voix, trois corps, trois générations donnent chair à ce texte aussi drôle que poétique, aussi tranchant que sensible.

Note d’intention

J’ai rencontré les mots d’Annie Ernaux il y a dix ans et depuis ils ne m’ont pas quittés.
Ce qui me touche profondément dans cette langue, c’est comment la simplicité et l’authenticité d’une écriture peuvent soudain mettre en lumière des choses vues communément comme honteuses ou insignifiantes.
C’est le principal enjeu de ce projet : traduire cette faculté à élever l’infime. L’œuvre d’Annie Ernaux est traversée de portraits de femmes tirés de sa propre expérience, portraits aux détails prégnants, brûlants de vie et de complexité.
Entre enfance et âge adulte, Denise découvre le fossé qui sépare le monde de ses parents et le monde des gens instruits, le monde de ses origines et le monde auquel elle aspire avec ferveur. Peu à peu, cette déchirure intime devient fracture ; fracture sociale, et bientôt physique alors que la culpabilité s’installe.
Comment échappe t-on au déterminisme de nos origines sociales ? La prise de conscience de l’existence du gouffre suffit-elle à éviter celui-ci ?
Au delà de sa dimension sociologique, la langue d’Annie Ernaux est dense, brute, coupante par moments, intensément poétique, drôle et sensible à d’autres. Pour incarner cette énergie d’une furieuse gaieté, j’ai imaginé trois femmes en scène, trois voix, trois corps, trois générations.
Au foisonnement de mots répond une prise de parole multiple, alternant adresses au public, polyphonies, dialogues, monologues intérieurs ou chants. Cette richesse passe aussi par le langage du corps, à travers des incarnations chorégraphiques, en exposant le féminin dans sa sensualité et dans sa chair. Les voix et les corps s’accordent ou s’opposent, le corps charnel de la femme comme reflet de son corps social, ou inversement.
Avec Annie Ernaux, nous sommes dans l’univers de la sobriété et du sensible. Pour mettre en valeur les corps, j’imagine un espace dépouillé,structuré par des cadres nus, de dimensions variées. Par l’utilisation de ces cadres, les corps se séparent ou se rejoignent, prennent la pose dans des tableaux vivants, se cloisonnent ou s’échappent. Ces cadres, c’est aussi des cloisons qui enferment, des portes à franchir, des fenêtres à ouvrir… et des toiles vierges… qu’il reste à remplir, grâce aux mots d’Annie Ernaux, d’une symphonie d’images, d’odeurs et de sons.

— Laurence Cordier, metteure en scène

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Adaptation

Laurence Cordier & David D’Aquaro
d’après Les armoires vides, Une femme et La honte d’Annie Ernaux (©Éditions Gallimard)
avec son aimable autorisation

Durée estimée 1h30 à partir de 14 ans

Avec

Laurence Roy
Aline Le Berre
Delphine Cogniard

Dramaturgie

David D’Aquaro

Scénographie

Cassandre Boy

Regards scénographiques

Lisa Navarro

Création Sonore

Nicolas Daussy

Création lumières

Alix Veillon

Costumes

Charlotte Merlin

Construction décor

Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine

Construction pinata

Pascale Deneu

Production déléguée

TnBA – Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine

Coproduction

Compagnie La Course Folle – Tours, Théâtre de Choisy-le-Roi – scène conventionnée pour la diversité linguistique

La compagnie La Course Folle est soutenue par le ministère de la Culture et de la Communication / DRAC – Centre-Val de Loire et la Région Centre-Val de Loire et la Ville de Tours – LABEL RAYONS FRAIS

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